22 novembre 2012

Plateau télé 2.0


Les enfants, si vous aimez les jeux de plateau mais que vous ne pouvez plus vivre sans votre connexion internet, j'ai ce qu'il vous faut.

Actuellement, un "jam" est en cours dans l'univers de l'indé. L'idée, c'est de créer un jeu dans un style qu'on n'aime pas spécialement, ou du moins dans lequel on n'aurait jamais tenté sa chance, et ce en sept petits jours.
Au milieu de toutes les horreurs que ce laboratoire du docteur Frankenstein collectif a produit, il y a Desperate Gods.

Desperate Gods est un jeu de plateau tout ce qu'il y a de plus simple, mais son concept est hyper original : c'est, basiquement, un VRAI jeu de plateau, transposé dans un environnement 3D. Le concept est simple : on a un jeu de plateau 100% temps réel dont les auteurs fournissent une règle, mais il est parfaitement possible, de la même manière qu'un boardgame classique est régit par un accord tacite entre joueurs, d'en créer de nouvelles en utilisant pions, cartes et plateau fournis "dans la boite".

Si vous comprenez l'anglais, les développeurs l'expliquent mieux que moi et vous offrent la règle du jeu de ce qu'ils traduisent comme "un genre de Diablo" en vidéo :




Pour les non-anglophones, voici ce que ça dit (la vidéo est commentée par David Rosen, développeur chez Wolfire Games) :

"La semaine dernière, Aubrey [la seconde moitié de Wolfire Game] et moi avons participé à un "Game Jam" de sept jours pour lequel nous avons développé un jeu nommé Desperate Gods. Le thème du jam était de créer un jeu dans un genre qu'on n'aime pas spécialement, et nous avons fini par faire un jeu de plateau numérique. En fait, nous aimons les jeux de plateau, mais nous pensons que leurs adaptations vidéoludiques tendent à laisser de côté certains aspects qui font la qualité de tels jeux.

Premièrement, avec un vrai jeu de plateau et à un niveau basique, il est simplement amusant de bouger des pions et de rouler des dés juste pour voir ce que ça donne. Pour répliquer ça, nous avons autant que possible calqué les mouvements de la souris sur des vrais mouvements. Par exemple, il est possible de cliquer pour prendre un dé et il suffit de passer la souris sur d'autres dés pour les ramasser en même temps, puis de les secouer comme on secouerais de vrais dés et de lâcher de clic pour les lancer. Vous pouvez aussi compter les cases sur la table en maintenant le clic et en pressant T pour "taper" le plateau avec votre pion. De la même manière, vous pouvez maintenir le clic sur une pile de carte pour la ramasser ou simplement cliquer une fois pour en prendre une.

Deuxièmement, les jeu de plateau offrent beaucoup de liberté. Les règles n'existent que sous une sorte de contrat entre les joueurs, vous pouvez facilement créer vos propres règles et variations, permettre aux nouveaux joueurs de supprimer des mouvements qu'ils ne comprendraient pas et même créer un jeu totalement différent en utilisant les même pièces. Dans Desperate Gods, l'approche est similaire. Nous vous proposons un manuel de jeu, des cartes, des pions et une base partagée en ligne, mais vous pouvez en faire ce que vous voulez. La meilleure façon de jouer est probablement avec des amis et un chat vocal. Il y a aussi un chat textuel dans le jeu mais si vous jouez avec un groupe totalement étranger, ils peuvent ne prêter aucune attention au règles.

Troisièmement, les vrais jeux de plateau sont éminemment sociaux. Les joueurs partagent le même espace et interagissent en temps réel. Leurs transcriptions numériques sont souvent froides et peu attractives, il arrive souvent que vous en voyiez même pas ce que font les autres joueurs pendant leurs tours. Pour éviter cela, nous avons fait en sorte que tout soit synchronisé en temps réel via des curseurs de souris individualisés et les effets sonores. Pour aider encore à la création d'un espace partagé, nous avons créer des musiques originales et elles sont jouées en même temps pour tous les joueurs. Nous avons laissé le code source libre [voir lien en bas du présent article] au cas où quelqu'un voudrait adapter le système à un jeu différent.

Hormis le système, nous avons également créé le jeu de plateau en lui même. C'est une espèce de mélange entre Chutes & Ladders et Diablo.

[la suite de cette traduction est un peu plus libérale que la première partie : étant donné qu'elle concerne les règles du jeu j'ai préféré être le plus clair et détaillé possible plutôt que de faire une transcription littérale]

Dans le coin inférieur droit, on trouve une case "ville" et à côté la pile de cartes correspondante qui contient l'équipement que vous pouvez y acheter. Autour de la ville, la zone verte représente la prairie où vous pourrez combattre les ennemis de la pile de cartes supérieure [avec un verso représentant un motif végétal]. La zone grise représente le donjon dans lequel vous combattre des monstres issus de la pile suivante [avec le verso vert]. En passant par le coin supérieur gauche, vous pouvez continuer et vous enfoncer dans les sous-sols du donjon où vous combattrez les monstres de niveau supérieur [avec le verso argenté]. Enfin, vous pouvez accéder dernier sous-sol avec les monstres les plus puissants [issus de la pile au verso doré].

Pour préparer le jeu, il vous faut piocher trois cartes de la pile "ville" [et les placer dans les cases prévues au dessus] qui représentent ce qui est disponible à l'achat. Chaque joueur choisit alors un pion de couleur et le place sur la case "ville". Puis vous lancez un dé pour savoir qui partira le premier.

Pour jouer votre tour, vous prenez deux dés et les lancez. Vous déplacerez votre pion du nombre de cases indiquées par le chiffre sur l'un ou l'autre des dés [pas les deux]. En obtenant un 2 et un 6, on peut ainsi se déplacer de 2 ou 6 cases [pas 8]. Après s'être déplacé, il suffit de suivre les indications sur la case où l'on s'est arrêté. Dans le cas présent [la case "swamp" (marais)], il s'agit de piocher deux cartes "monstre" et d'en choisir une à combattre.
Les cartes "monstre" ont trois symboles. Le dé [dans le coin inférieur gauche de l'illustration] représente la valeur minimum qu'il faudra obtenir pour l'emporter. Dans le cas présent [un bandit], au moins un 3. La pièce [coin inférieur droit de l'illustration] représente l'argent que vous gagnerez si vous l'emportez et le crâne [coin supérieur droit de l'illustration] indique le nombre de points que le montre vous octroiera en fin de partie. En roulant un 3, je l'emporte. La carte est alors placée sur ma pile de victoire [située dans "l'inventaire" en bas de la table de jeu] et je prend le nombre de pièces indiquées sur la carte [à placer dans "l'inventaire" également]. Notez qu'une pièce d'or remplace cinq pièces d'argent. Si vous perdez un combat, vous perdez un point de vie [les pastilles rouges dans l'inventaire] et placez le monstre en bas de la pile "monstre" correspondante. Si vous perdez tous vos points de vie [chaque personnage en a trois], vous perdrez toutes vos pièces et recommencez en ville. Dans tous les cas, votre tour est terminé et c'est au joueur suivant d'avancer.
Le jeu se termine quand tous les monstres ont été vaincus. Vous comptez alors les points des monstres vaincus dans votre pile de victoires et le joueur ayant le plus de points l'emporte.

Ceci devrait vous offrir une vision assez claire des règles, mais vous trouverez également un livret [numérique, évidemment] dans l'archive du jeu présentant les règles plus en détail.

Le point crucial du design fut de conserver l'accessibilité innérente au genre tout en permettant aux joueurs de faire des choix intéressants à chaque tour. Pour cela, vous avez le choix du nombre de cases à parcourir, du monstre à combattre et de l'équipement à acheter tout en avançant plus profondément dans le donjon. Il n'y a toutefois que deux ou trois choix disponibles à la fois pour éviter que le jeu soit trop compliqué.

Si vous voulez essayer par vous même, vous pouvez télécharger le jeu gratuitement [lien en bas du présent post]. Et même si vous n'aimez pas les jeux de plateau, il reste interéssant pour les artworks d'Aubrey à qui l'ont doit les 40 cartes, le plateau de jeu et le design des figurines. Si vous trouvez des bugs ou des problèmes de balance de gameplay, n'hésitez pas à nous en faire part sur les forums de Wolfire. Vous trouverez également des informations sur les mises à jour, ainsi que sur Twitter à @wolfire"

Les connaisseurs parmi vous auront sans doute tiquer à l'évocation des règles, et pour cause : en fait de "Diablo the boardgame", on a affaire à un clone de Talisman, ni plus ni moins. Quoi qu'il en soit, ça a l'air fondamentalement sympathique et le moteur de jeu promet une versatilité des plus agréables.

Desperate Gods est téléchargeable gratuitement : http://www.wolfire.com/dg
Les développeurs ont aussi laisser le code source en accès libre pour quiconque voudrait vréer son propre jeu basé sur le moteur : https://github.com/David20321/FTJ
et la bande-son est elle-même totalement libre de droits : http://bandcamp.antonriehl.com/album/desperate-gods