30 mars 2013

On ferme

La vie est faite de ces instants où l'on saute d'une diligence à une autre sous le feu ennemi, cramponné au dernier sac d'or, revolver à la main. Le présent post en est un. Nanigaming s'arrête, faute de temps, mais point d'inquiétude, vous pourrez toujours lire de mes tirades à n'en plus finir et de mes rants sauvages sur RPG France, où je sévis déjà depuis quelques temps sous l'auguste nom de skoeldpadda (c'est du suédois) et dont je viens, hourra pour moi, d'intégrer la sémillante équipe éditoriale.
Car oui, l'avantage quand on saute d'une diligence à l'autre, c'est qu'on continue quand même d'avancer.

...Et n'oubliez pas : jouer tue. C'est TF1 qui l'a dit.

7 janvier 2013

11 jeux... de 2012

Par rapport à 2011, 2012 fut une année curieusement sage. Dire que j'en fus déçu serait en dessous de la vérité et il a fallu que je cherche un peu pour trouver des jeux qui en valent la peine, tant sur la plan indé que chez les grosses maisons AAA, d'où une sélection un peu étrange mais, après tout, qui aura le mérite d'être originale.





Shank 2
(7 fevrier)

A la mode cette année, la 2D se porte en toutes saison, qu'il s'agisse de se réchauffer à grands renfort de bourre pif au bord de l'automne (Skullgirls) ou de faire péter les rétines avec du Jazzrabbit sous acides (Hell Yeah). Dans la spécialité, la star de l'année est sans contexte Klei Entertainment, qui parvient à livrer en à peine huit mois deux perles comme Shank 2 et Mark of the Ninja (j'y reviendrais).
Shank 2 reprend absolument tous les points qui faisaient de Shank un sleeper hit. C'est fun & frantic comme disent les mangeurs de hotdogs, et ça a largement été affiné : des roulades au stick droit aux combos multiarmes complètement revus, tout est fait pour que Shank soit plus bourrin et efficace qu'avant, bien servi par une histoire qui change le vengeur du premier opus en défenseur des opprimés. Ca sent toujours la série B mexicaine sauce Robert Rodriguez, c'est toujours plein à craquer de bonus et de débloquables en tout genre, et c'est toujours aussi bon.
Seule ombre au tableau, la disparition de l'aventure coop, remplacée par des matches en arène peut-être plus funs et sauvages mais aussi beaucoup plus redondants.




Scarygirl (9 avril)

L'an dernier, Alice Madness Returns avait comblé mes attentes de plate-formes et de beat'em all... en 3D. Cette année, en compagnie de l'explosif Shank 2, Scarygirl et son univers comicorrifique (adapté d'une chouette bédé, si vous êtes curieux) transposent combos et acrobaties dans une 2D bienvenue. Dans l'absolu, Il s'agit d'un Pandemonium Burtonien des plus classiques, avec une foultitude de mondes à traverser, des trouzaines de vilains à tabasser et un challenge assez ardu du fait de la fragilité de l'héroïne. Manque de chance, Scarygirl est aussi livré avec la panoplie complète des défauts des jeux "2D et demi" (camera qui a la bougeote, appréciation hasardeuse des distances, différenciation premier/second plan aléatoire). Bien plus ennuyeux, la conversion Steam est inexplicablement ravagée avec une réso max de 1280x1024 (4/3 obligatoire) et un antialias absent là où la version PS360 tourne en 720p tout prop'... Ce qui ne l'empêche pas de faire partie de ces jeux qu'on parcourt à l'envie, juste pour replonger dans un étrange conte pour enfants.





Legend of Grimrock (11 avril)

J'en attendais beaucoup, il n'a pas déçu. Legend of Grimrock est bel et bien le dungeon crawler old-school qu'il prétendait être, avec toutes les qualités mais aussi tous les défauts que ça implique. Il propose bien ces builds improbable qu'il promettait, du runecasting, des énigmes tordues et plein de trucs chouettes, mais il est aussi très redondant, hyper linéaire et souffre indiscutablement du manque d'expérience de ses auteurs, manifestement plus occupés à faire le dungeon crawler de leurs souvenirs nostalgiques plutôt qu'un jeu qui se tienne par lui même.
La qualité du jeu dépend donc au final essentiellement de l'âge du joueur et de sa connaissance du sujet. Un peu faible, sans doute, mais pas assez pour être game-breaker. Grimrock est excellent, je n'en démordrait pas.
Non, le vrai problème avec Grimrock, c'est qu'il a un un malus nyctophobie +10 qui m'empêche d'y jouer plus de trois minutes sans paniquer complètement...





Warlock - Master of Magic (8 mai)

Civilization V, version light (& magic). Warlock n'invente pas l'eau chaude à couper le beurre mais réutilise à la sauce Fantasy General tout ce qui fait le sel du 4X en mode conquistador. Exploration et baston sont les maîtres mots et le but du jeu est tout simplement de repeindre la carte de sa couleur. Débarrassée des soucis diplomatiques d'un Civi, l'IA est parfaitement apte à répondre aux assauts répétés et l'ajout de nombreux petits bonus comme les mondes parallèles pleins de monstres et les héros à recruter au petit bonheur la chance rendent les parties réellement intéressantes, sans compter parfois très longues.
Dans le style variation sur le même thème, Warlock est indiscutablement le meilleur clone de Civi depuis bien longtemps. On n'en attendait pas moins des papas d'Elven Legacy.




Offspring Fling (11 mai)

Il y a quinze ou vingt ans, ce jeu aurait été sur la couverture d'un magazine. De plusieurs magazines, en fait. On aurait payé 40 à 50€ pour y jouer sur deux disquettes. Il aurait été le fruit du labeur d'une bonne dizaine de travailleurs, probablement poussés par un fier éditeur de renom. En 2012, une pièce de l'inventivité d'Offspring Fling est le fruit d'un seul homme, financé avec du bois de chauffage et vendu pour moins de $7 à la sauvette directement sur le site de son auteur dans l'indifférence la plus rase. Evidemment, cette comparaison n'a rien de neuf, mais à chaque fois que j'y pense, je secoue la tête avec un sourire narquois, tapote paternellement l'arrière du crâne de mon moi de douze ans et savoure les joies infinies du petit monde de l'indépendance moderne. C'est pour ça que j'aime la scène indépendante, elle me rappelle les concepts un peu fous du temps du ST et de l'Amiga (et de la SNES aussi).
Balancer des oiseaux dans les airs est chose commune aujourd'hui (sic), mais Offsping Fling en fait une mécanique de gameplay aussi originale qu'efficace, réussissant par la même à éviter tout sadisme vidéoludique qui aurait à n'en point douter fait hurler les Brigitte Bardot de pixels. Offsping Fling est mignon au possible, malin, impitoyable et avec 100 niveaux à time-attacker + un éditeur, sa durée de vie est conséquente.
Au passage, Kyle Pulver fut également à l'oeuvre cette année sur Snapshot, diablement joli mais nettement moins funky.






Escape Goat (12 juin)

Offspring Fling fut un temps en balance pour la place de plateforme-puzzle de l'année. Un mois, en fait, le temps qu'Escape Goat sorte et lui vole la vedette avec une déconcertante facilité. Car si Offspring Fling est excellent est un indéniable jeu de l'année, Escape Goat lui est incontestablement supérieur. Ouaip. Continuant dans la mouvance micro des 90's, il a ravivé le souvenir de ce diable de Stone Age, puzzle dinosoïde dans lequel il était aussi question de labyrinthes et d'interrupteurs. Escape Goat y ajoute une ambiance ésotérique rigolote pleine de capridés de pixels, une bande son groovy à souhait et une bonne dose de sadisme explosif et d'humour noir.
Truc sympathique, ce jeu avait commencé sous forme de projet web, et on peut toujours y jouer gratuitement, éditeur inclus.




La-Mulana (13 juillet)

Après des millions d'années d'attente, la version "HD" (lire "WiiWare") de La-Mulana a le bon goût d'être enfin disponible dans une langue compréhensible (comprendre "sans kanjis") et, comble de luxe, sur PC. Autrement moins difficile que l'original, ce sympathique portage perd les vannes sur Konami et le MSX (les copyrights, voyez-vous) mais gagne grandement en gameplay : les sauts sont nettement plus précis et, si le fonctionnement des énigmes est toujours aussi nébuleux, la difficulté générale du jeu a été revue à la baisse (ça reste un jeu de chacal, soyez néanmoins prévenus). En fait, tout est prévu pour qu'on s'égare dans le dédale de tableaux de ce clone de Maze of Galious au bon goût d'Indiana Jones sans pour autant avoir envie de suicider le pauvre docteur. Les 'coreux qui veulent du gros challenge capilotracté peuvent toujours s'essayer à la version originale et à ses graphismes 16 couleurs. Pour les nostalgiques, je ne saurais que trop conseiller d'aller directement à la source avec le remake de Maze of Galious.





Death Rally (3 aout)

Celui là s'est fait casser la gueule à la sortie. Death Rally est un remake iOS fort bien foutu du classique des 90's arrivé à l'improviste sur PC... Pour environ trois fois plus cher que sur son support d'origine.
On y a perdu Duke, licence oblige, mais le reste du jeu est pratiquement identique, de la vue de dessus aux armes en passant par la customisation et les noms des adversaires. On a même droit à une histoire bizarre racontée sous forme de BD à laquelle je dois bien avouer n'avoir porté aucune attention : le track design est toujours aussi rigolo, certains boss sont increvables et la rejouabilité est au rendez-vous. Death rally cuvée 2012 est un petit jeu, c'est pas l'achat de l'année, mais nom de Dieu que c'est bon de retrouver ce genre de petits plaisirs dans un bel habit haute définition.
Dans la même catégorie "remake pas cher sur iOS vendu 15€ sur Steam," on trouve aussi North vs South, le jeu de stratégie des Tuniques Bleues. C'est bon mais c'est cher.





Symphony (6 aout)

Le problème majeur d'un shmup, c'est souvent sa durée de vie. Oh, c'est rejouable à l'envie, ne serais-ce que pour scorer, mais ça reste généralement limité à 5 ou 6 niveaux.
Symphony, reprenant la recette d'Audiosurf, propose de shmuper sur la sélection musicale de son choix, intégrant boss et histoire à la playlist. C'est simple, bien trouvé, bien foutu, et surtout très fun. Evidemment, le jeu est habillé de graphismes psychés flashouilleux de rigueur avec ce type de concepts abstraits, mais qu'importe. Le gameplay est au poil et l'algorithme est fort habile dans la création de patterns intéressants. Et puis ça marche avec tout type de musique, de l'electro la plus beateuse au blues le plus éthéré, rendant l'expérience parfois délicieusement étrange.





Mark of the Ninja (22 octobre)

Oubliez les airs supérieurs de Dishonored, le stealth game de l'année est un platformer full-2D avec les mécaniques les plus simples du monde et une liberté d'action proprement délirante. C'est du Klei, je l'ai déjà dit, et c'est pas loin d'être mon jeu de l'année. Casse-tête sans jamais être cheap, beau à damner un animateur de chez Pixar et surtout doté d'une jouabilité au poil.
Dans le genre ninja-tête-en-bas, Swindler est aussi joli que gratuit. Normal, me direz-vous, pour un jeu flash jouable en navigateur, mais on oublie trop souvent que les jeux flash ne sont pas que des proto-Trials mal foutus et des pré-Angry Birds codés à l'arrache.



Comme ça fait que 10 jeux pour un top 11, bonus vieux motard :



Après l'avoir boudé en fin d'année dernière, j'ai passé le printemps à jouer à Assassin's Creed Revelations et à son enivrante Istanbul. On y perd le cheval des précédents volets et un peu du sentiment de liberté (en contrepartie, l'impression d'enfermement dans une megapole est impressionnante) mais la map est bien suffisante et, surtout, l'ambiance orientale nettement plus à mon goût. C'est poussiéreux, ça sent l'épice à travers mon écran et la musique est sublime. Mieux, le gameplay s'affine encore et à des combats encore plus dynamiques s'ajoute une grande fluidité d'exploration (la hookblade à elle seule change radicalement la façon de jouer, on est beaucoup plus mobile que par le passé). Dernier point notable, la narration, autrement mieux maîtrisée que dans les opus précédents.
Revelations est, malgré les râles des fans avides de, justement, révélations, le meilleur Assassin's Creed de "deuxième génération," voire le meilleur Assassin's Creed tout court.



Mention sympa :

WRC3 commence enfin à avoir une bonne physique mais son mode carrière emprunté à l'infâme MUD est juste imbitable. On le dit depuis 2010 mais... Fera mieux l'année prochaine ?
Crusader Kings II m'a passionné le temps d'une (longue) partie, mais j'ai été incapable de recommencer une nouvelle campagne. Plus envie.
Sleeping Dogs, ses milliards de DLC, son cosplay de Chen Zhen, ses rues encombrées et ses clins d'oeil au cinéma de Hong Kong.
Top Gun Hard Lock m'a beaucoup trop amusé pour ce qu'il valait réellement, mais c'était Top Gun... et j'étais en manque de shooters.
Hell Yeah! est aussi crétin et bourrin que promis, c'est fun et toutes ces sortes de choses, mais j'ai vraiment du mal avec l'univers graphique fluorescent et le gore gratuit totalement inutile.
Inquisitor est l'indé de l'année sur RPGFrance. J'approuve, quoi que ce soit loin d'être mon genre de RPG.


C'était nul :

Krater et RAW avaient l'air d'hack'n slashes colorés et sympas. Les mots importants étant "avaient l'air".
DiRT Showdown aussi avait l'air cool, mais lui, il était livré sans moteur physique, ce qui est fort embêtant pour un jeu de tutures.
Rayman Origins est finalement sorti sur PC... avec les même défauts que la version Wii. C'est plus un jeu de plate-formes, c'est un rhythm game.
The Testament of Sherlock Holmes a un bon gameplay et une réalisation tout à fait honnête mais souffre d'une narration lente à en crever et surtout d'un scénario alambiqué aux limites du comprehensible dont le personnage titre tire des conclusions hallucinées. C'en devient très vite totalement insupportable.
Istanbul avait fini de me convertir à la série. Las, Assassin's Creed III est un nid à bugs au gameplay douteux et sans conteste ma plus grande déconvenue de l'année.
Last but not least, Torchlight II est proprement imbuvable. Si, vraiment. Fini le p'tit côté pas prise de tête limite parodique du premier volet, Torchlight II est l'exemple même à ne pas suivre, une overdose d'overcoolisme old-school, ou quand "à essayer d'être Diablo II un peu trop fort, on en perd toute légitimité et toute crédibilité". Il est impossible de faire quoi que ce soit sans que le jeu rappelle lourdement au joueur que c'est "old school", "pour les true". "Diablo II, quoi".  C'est bête, je voulais jouer à Torchlight II.


J'y ai pas joué :

Transformers Fall of Cybertron était parmi les jeux que j'attendais le plus cette année. Et en fait non...
Etant développé par Arkane (auteurs de l'excellent Arx Fatalis) et proposant de jouer un mix assassin-voleur tout à fait à mon goût, Dishonored avait aiguisé ma curiosité à son annonce. Il sera pourtant resté sur la touche, les vidéos de gameplay m'ayant laissé particulièrement froid.
Sinon, j'aurais bien aimé jouer à Twisted Metal, sans doute pas longtemps, mais les jeux du style sur PC n'étant pas légion, j'aurais bien troqué ma souris contre un dualshock3 quelques instants... Pareil pour Epic Mickey 2, annoncé mais finalement pas sorti sur PC...