11 novembre 2011

Born in the forties... sort of

L.A. Noire vient de sortir sur PC, longtemps après les consoles, bardé de bonus et de bugs. Honnêtement, je me fous royalement des bonus et des bugs : j'ai un GROS problème avec le gameplay.


Dès les premières infos, il me semblait de toute façon beaucoup trop hype pour être honnête, ce film policier néo-rétro déguisé en aventure vidéoludique : édité par Rockstar, vendu comme un GTA-like avec des vrais modèles de voitures d'époque dedans et un scénario grim'n gritty du tonnerre de Dieu avec de la reconnaissance faciale que c'est révolutionnaire, blablabla... Et pourtant, ça semble fonctionner, la partie importante de cette présentation étant que L.A. Noire est édité par Rockstar. Juste édité. Et ça change (presque) tout...

Plus proche du Sherlock Holmes de Frogwares (qui lui rendra la pareille au prochain épisode, d'ailleurs) que de Nico Belic, Cole Phelps est le héros d'un point'n click new look très joliment ambiancé mais terriblement bancal.
Difficile par exemple de ne pas voir les énormes balafres laissées dans le game-design par une Rockstarisation à l'arrachée : les gunfights sont tristement redondants et la ville ouverte d'une inutilité chronique. Les phases de conduite ne servent strictement à rien. A côté de ça, L.A. Noire se pose "juste" comme un jeu d'aventure plein d'idées à moitié réalisées. La principale feature du jeu, les phases d'interrogatoires avec la fameuse modélisation hyper réaliste des expressions du visages, est aussi systématique qu'abominablement lourde passée l'intrigante découverte : le jeu de la divination à la mode Cal Lightman est aussi aléatoire que frustrant. Le jeu reste intelligent et offre toujours la possibilité de se rattraper au cours de l'enquête malgré un interrogatoire raté mais il est terriblement énervant de louper son coup à cause d'une lecture biaisée des visages, une même expression faciale sur un même personnage pouvant signifier le mensonge la première fois et pas la seconde. Mener à bien un interrogatoire tient finalement plus du trial and error que de la réelle déduction. Une tâche rendue d'autant plus ardue que le passif de jeu console élimine l'aide substancielle de la sauvegarde à la volée en faveur de checkpoints affreusement mal placés. Il faudra aussi penser à consciencieusement virer les trouzemille aides neuneuproof du type vibrations à l'approche d'un indice pour réellement profiter du côté recherche de l'aventure.

Doté d'un gameplay particulièrement mal équilibré, le jeu affiche également très vite ses limites techniques : porté à la mode Rockstar (autrement dit terriblement mal), L.A. Noire se traine à 30fps et rend quasi impossible l'utilisation efficace d'une souris (heureusement, c'est très propre au pad). Pire, si je suis contraint d'y jouer avec les détails aux minimum à cause d'une carte graphique en fin de vie, de nombreux rapports de joueurs laissent entendre que même sur une configuration capable de faire tourner un Battlefield 3 à fond en 1080p, le jeu se traine et souffre d'incessantes chutes de framerate.

J'ai passé cinq heures sur ce jeu, c'est mon log qui me le dit (ce qui fait sans doute un poil plus puisque j'ai relancé certaines enquêtes deux à trois fois). Les dialogues sont bons, le scénario est décousu et d'un classicisme consommé mais loin d'être mauvais, Cole Phelps est un roquet hyper-agressif qui m'amuse beaucoup et j'adore les années 40, leur ambiance et leur musique. Seulement, au fil des enquêtes, l'atmosphère léchée et enivrante des 40's s'estompe et il ne reste plus de L.A. Noire qu'un gameplay mal maîtrisé. On aimerait pousser encore l'aventure et se prendre de passion pour ce jeu qu'un vil marketing a vainement tenté de vendre pour ce qu'il n'est pas, mais l'audacieuse tentative de mêler le bon vieux jeu d'enquête à l'ancienne façon Manoir de Mortevielle à la cinématographie des jeux d'action modernes qu'il représente s'avère au final beaucoup trop frustrante pour tenir la distance. Dommage. Vraiment dommage. Esperons toutefois qu'une brèche se soit ouverte dans le genre aventure...

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