8 octobre 2011

Hairpin right to flying finish...

Si ces mots vous rappellent quelque-chose, il y a de fortes chances pour que vous sachiez de quoi cette note va bien pouvoir parler. Il y a également de fortes chances que vous ayez vous aussi tâté du machin que je vais tenter par la présente de démonter sans tambours ni trompettes mais avec le délectable sentiment du devoir accompli. Parce que non, arrêtez de croire ce que racontent les magazines et les sites de jeux vidéos, DiRT3 n'est pas un bon jeu.


Par contre, il est beau (plein de bloom, hein, quand même, faut pas rêver, c'est du Ego engine). Tout est fait pour qu'on le voit, ça, qu'il est beau, même quand on n'en a pas envie. Le premier contact avec la dernière tentative de ramener le "true rallying" de Codemasters, c'est les menus interminables façon DVD en edition collector. Vous savez, ces trucs qui se mettent en place au prix d'une lente et douloureuse animation 3D ridicule et demandent au lecteur/ordinateur des trouzaines de calculs avant de bêtement pouvoir appuyer sur play. DiRT3 est en farci jusqu'à la moelle. Entre les menus déroulants et les cent-quatre-vingt-douze angles de vues de sa jolie voiture avant chaque épreuve, on passe, sur une heure de jeu, au moins trente minutes à attendre. Au moins, tant les loadings sont longs... Le pire, c'est que les menus en question sont tout sauf clairs. J'ai mis cinq bonnes minutes à trouver les paramètres de gameplay. Les petits malins de Codemasters ont trouvé plus pratique de planquer ça sous un long texte qui fait qu'on n'a pas obligatoirement l'idée de pousser son stick vers le bas pour voir si y a des choses cachées dessous.

Arrêtons là sur l'ergonomie toute relative de la bête pour en donner de suite un avis général qui sera clair et radical : DiRT3 est fade, froid et pas engageant. Certes, on a râlé à la sortie de DiRT2 sur le sponsoring des X-Games, les fanfaronades de Ken Block et Travis Pastrana en voix-off et l'inutilité de la caravane, mais il en ressortait néanmoins quelque chose, une ambiance, un effet branchouille et décomplexé du jeu de rallye qui collait fort bien avec la diversité et l'explosivité des épreuves du mode carrière.
Las, dans DiRT3, trois voix-off anonymes (l'agent du pilote et son chef mécano irlandais à la manière de Race Driver Grid, ainsi qu'un troisième laron façon vendeur de voitures d'occasion qui appelle Ken Block "amigo") tiennent le joueur par la main pendant TOUT le jeu, neuneuproof style, expliquant -par exemple- que plutôt que de gérer un petit pécule financier pour s'acheter des charettes et donc, chose agréable, de choisir son/ses véhicules dès l'entame du jeu, il va falloir gravir les échelons d'une carrière creuse et transparente au cours de laquelle des équipes sans âme viendront frapper à la porte et proposer de nouveaux "contrats" (en fait, de nouvelles livrées pour les tutures, tout simplement). Pire, à côté de la Subaru Impreza 1995 ou du Hummer H3, y a un gros encart "BUY IT ON WINDOWSLIVE MARKETPLACE". La lose. Mais ce n'est que le début...

Dès les premiers tours de roues, tout est fait pour que le joueur comprenne qu'il est devant un DiRT2 assagi, plus serious business. Et c'est pas un compliment du tout.
Car non content d'être hyper restrictif dans son garage, DiRT3 l'est aussi dans ses épreuves. Coupées en "saisons" d'une manière aussi aléatoire qu'artificielle (et bêtement récopiée du déroulement antique de la carrière du premier DiRT), les compétitions proposées au pilote en devenir sont terriblement factices. Codemasters se vantait en interview d'avoir fait revenir le vrai rallye, avec des étapes recherchées et longues et surtout moins d'à-côtés. Soyons clairs : c'était des histoires. Les épreuves de Raid, Landrush et compagnie sont toujours aussi nombreuses (pas que je m'en plaigne, ceci dit) mais, surtout, on aura la joie de se la jouer Neef for Speed dans des épreuves de Gymkhana et de Drift rigolotes mais terriblement inutiles avant, à chaque fin de "tournoi", de se confronter en tête à tête à des inconnus sur des super-spéciales pas bien engageantes. Au grand dam des puristes intégristes, les X-Games sont toujours là, d'ailleurs. Je zappe toute considération concernant le Rallycross et le Trailblaizer/Hillclimb, je suis bien content qu'ils soient toujours là, j'adore ça. Le problème, c'est que les zones géographiques sont encore moins variées qu'avant. On ira cent-cinquante fois par saison faire les trois mêmes spéciales au Kenya et on connaitra le moindre virage des quatre variations du circuit d'Aspen sur le bout des doigts. Loin des belles annonces des developpers diaries, le défaut majeur (à savoir la répétitivité) de DiRT2 n'a pas été corrigé mais il donne plutôt l'impression d'avoir été amplifié. Par exemple, les épreuves de rallye étaient constituées d'une piste principale coupée en deux pour donner trois spéciales (la principale et deux moitiés, si vous suivez). C'était cheap et les joueurs ont réclamé un terrain de jeu plus conséquent. Codemasters a exaucé leur voeu : maintenant, on a une piste plus grande coupée en quatre ou cinq morceaux qu'on parcourt ad nauseam au fil des compétitions...

Ce qui arrive, de fait, c'est qu'on tourne très vite en rond, surtout que rien ne donne réellement envie d'aligner les kilomètres : le gameplay, par l'opération divine de la Sainte Whadefuck, a trouvé le moyen d'être encore plus plat et automatique qu'avant. Attention, j'ai pas dit mauvais, ça se contrôle bien et glisser est rigolo (à condition d'enlever les aides genre traction control et ABS sinon la voiture sous-vire inexplicablement et refuse obstinément de se mettre en travers, ce qui est quelque peu contrariant dans un jeu de rallye). Non, le soucis est ailleurs; le stage/track design est abominable... Les spéciales sont hyper larges, souvent très droites avec des grosses épingles pour déraper comme des KenBlocks, et surtout invariablement chiantes. Qu'on compare le Kenya ou la Finlande de DiRT3 à la Malaisie ou la Croatie du deuxième volet et on comprend vite sa douleur. Tiens, d'ailleurs, en passant, le co-pilote a des ratés improbables dans la récitation des notes, annonçant parfois gauche au lieu de droite et laissant souvent un blanc après ses "into" (je joue en anglais) lors d'un enchainement de virages... Au pilote de deviner la suite, souvent en freinant très fort (ou en lisant la minimap au dessus).
Question circuits (Rallycross et Landrush, même combat), c'est tout aussi mal foutu. Y a la place pour être huit de front à chaque virage, on se croirait sur une autoroute. Il en va de même pour le Trailblazer où la faute/sortie de piste est quasi impossible.
Un dernier détail amusant : Colin McRae Rally est devenu DiRT pour deux raisons : d'abord pour la branchouille, et ensuite pour la multiplicité des épreuves... sur terre. DiRT2 remplissait en cela parfaitement le cahier des charges. Le troisième épisode, lui, aurait pu s'appeller "SNoW" tant les p'tits gars de chez Codemasters surexploitent leur nouvel élément. Entre la Finlande, Aspen, la Norvège, Battersea et les DLC Monte Carlo/Japon, c'est du froid et cristallin hémisphère nord qu'on a au programme. Bon, on peut toujours faire les cakes au Michigan (wanabee Pikes Peak), au Kenya et dans l'arène des X-Games à LA, mais les températures de DiRT3 ont considérablement baissées (et la lumière bleue dans laquelle baigne le jeu n'arrange pas les choses). Y aurait eu le Trophée Andros à la place du Rallycross que ça m'aurait pas choqué... Ni vraiment dérangé d'ailleurs, ça aurait au moins fait une épreuve originale.

Allez, pour rire, quelques petits trucs (bon et mauvais) en vrac : conditions climatiques qui n'influent en RIEN sur le gameplay, des vraies voitures de rallye (fini les GT fantaisistes -et rigolotes- type Nissan 350Z, Mitsubishi Eclipse et BMW Z4, bonjour Groupe B, charettes improbables des 70's, proper hillclimb cars), DLC foutage de gueule (avec, par exemple, les GT disparues), IA teigneuse (voire barbare) en Rallycross, le Coliseum de LA, le Gymkhana quand même super rigolo une fois le principe assimilé, encore et toujours des stages ridicules de deux minutes, types de véhicules prédéfinis en rallye (être obligé de prendre une classique des 60-70's quand on veut rouler en S2000 ou en Open, c'est très chiant), trajectoire idéale à la c** (neuneuproof, j'vous dis!), objectifs secondaires rigolos en course, HUD dégueulasse (une habitude chez Codemasters...

Le Monte Carlo (en DLC) a l'air chouette, mais encore une fois... pourquoi des spéciales de 2 minutes ?


Concluons, si vous le voulez bien.
Est-ce que DiRT3 est vraiment un jeu tout naze ? Franchement, non. C'est assez long, le contenu se débloque a bon rythme, la conduite, si elle est simplifiée, n'est pas désagréable et on peut, parfois, sans le faire exprès, réussir à s'amuser.
Mais c'est un bon jeu alors ? Non plus. Si on accepte de se laisser guider, on aligne les courses sans réfléchir, on se laisse aller comme dans un semi-coma, enchainant jusqu'à écoeurement les même spéciales/circuits. Un magazine anglophone l'a décrit comme "rather dull". And I do agree.

Je l'ai déjà dit au cours de ce long texte , DiRT3, bien loin des annonces de ses développeurs, n'est que le petit frère de DiRT2. Sans prise de risque, sans réelles nouveautés et, surtout, sans fun.

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